[Publication Fraap] Cahier 4 : Les politiques des Conseils régionaux en faveur des arts plastiques (2010)

Enquête menée par Marie Deniau & la Fraap

Les résultats de l’enquête menée par la FRAAP auprès des Conseils régionaux sur leurs politiques culturelles en faveur des arts plastiques.

Publié en ligne le et mis à jour le .

Depuis plusieurs années, la Fraap a entrepris un travail de réflexion sur les politiques publiques en lien avec les arts plastiques. Les résultats de l’enquête menée auprès des Conseils régionaux sur leurs politiques culturelles en faveur des arts plastiques sont aujourd’hui disponibles. Ils nous permettent d’affiner notre analyse de la situation actuelle et d’envisager une concertation avec les candidats et futurs élus régionaux afin d’établir ensemble des propositions d’amélioration.

Parce que la Fraap est représentative des associations de plasticiens du territoire qu’elle contribue à animer et fédérer, elle assume son rôle d’expert du secteur et de force de propositions. Parce que les régions sont appelées à prendre en charge, davantage encore qu’à l’heure actuelle, la compétence culture, elles sont le creuset où les associations de plasticiens peuvent jouer un rôle légitime et renforcé. Les régions sont néanmoins fragilisées par des décisions récentes, suppression de la taxe professionnelle, réforme des collectivités locales, disparition de la clause de compétence générale, ... qui posent des interrogations sur leurs moyens à venir. et ceci même si le Président de la République a affirmé lors de ses vœux qu’il ne toucherait pas aux compétences culture des collectivités.

Sur les 22 régions françaises interrogées, 18 ont répondu à notre questionnaire : beaucoup d’entre elles ont d’ores et déjà entamé avec leurs partenaires régionaux une réflexion sur leur politique culturelle. s’il apparaît généralement que ce sont les arts plastiques que les régions soutiennent le moins dans le champ culturel, elles revendiquent néanmoins de mener des politiques ambitieuses dans ce domaine, avec de grandes disparités d’une collectivité à l’autre en termes d’organisation et d’autonomie des arts plastiques au sein des services culturels, de modes de financement et de structuration des acteurs.

Les régions admettent mal connaître les associations de leur territoire, qu’elles n’identifient ni directement ni au travers des structures qu’elles financent prioritairement comme les Frac, les centres ou écoles d’art.
De leur côté, les associations membres de la Fraap sont peu nombreuses à solliciter des aides régionales, surtout en Île-de-France, et ne perçoivent pas toujours la place qu’elles pourraient prendre dans la définition et la mise en œuvre des politiques culturelles. et pourtant... les associations sont des acteurs majeurs de développement local. En permettant de véritables échanges entre artistes et citoyens, en donnant à voir l’art dans des lieux accessibles, elles peuvent favoriser une culture commune, nourrir une mémoire collective. Les ateliers qu’elles animent en direction de divers publics sont le lieu d’expériences singulières qui nourrissent la sensibilité, l’imaginaire, la dignité, l’émancipation, le rapport de chacun aux autres et au monde... Par ces actions, elles sont au cœur des problématiques des pratiques amateurs, de l’enseignement artistique, de l’accès à la culture des publics dits « empêchés ». En informant et accompagnant les artistes dans leurs droits et responsabilités professionnelles, elles concourent à la professionnalisation du secteur. Enfin et avant tout en diffusant les œuvres et en aidant à leur production, elles stimulent la vitalité de l’art contemporain.

Une meilleure connaissance des associations d’artistes permettra aux régions de prendre la mesure du champ d’expertise qui est le leur.
Elles savent travailler avec les artistes de manière solidaire (coopérations) ou transversales (interdisciplinarité). directement implantées sur le territoire, elles agissent souvent en partenariat avec d’autres acteurs, sociaux, économiques, politiques... Leurs interventions sur le terrain au jour le jour leur confèrent une connaissance irremplaçable de la réalité quotidienne de la pratique artistique professionnelle. Par la diversité de leurs engagements, elles développent des compétences et capacités d’expertise complémentaires de celles que peuvent apporter les acteurs institutionnels, conseillers Drac, Frac, centres et écoles d’art...
Ainsi, la Fraap est favorable à la mise en place de commissions d’experts pour accompagner l’attribution des aides au sein des Conseils régionaux, comme certains l’ont déjà fait, mais affirme que de telles commissions doivent naturellement inclure des représentants d’associations d’artistes et représentants des organisations professionnelles.

Un outil important : une véritable mise en réseaux des acteurs culturels à l’échelle des régions.
Associations de plasticiens et collectivités, unanimement, appellent de leurs vœux une « mise en réseau » des différents acteurs. Mais quelle réalité ce terme recouvre-t-il ? Qui sont les acteurs en question ? Quelle est leur mission ? Leur champ d’expertise ? Leurs possibilités d’évolution ?

Des exemples de cette mise en réseau réclamée à cor et à cri, aussi bien par des collectivités territoriales inquiètes sur leur avenir que par les acteurs eux-mêmes, ont déjà été expérimentés ici ou là : mais faute d’en avoir précisément défini les objectifs, ils se résument le plus souvent à des catalogues de lieux et des programmes de manifestations. une véritable mise en réseau, autant instigatrice que productrice d’une politique culturelle ambitieuse et cohérente avec son territoire, ne pourra exister efficacement que lorsque les collectivités auront clairement identifié les acteurs associatifs locaux de l’art contemporain, reconnu leurs spécificités et compétences et qu’elles leur auront attribué les moyens de leurs missions. une mise en réseau a un coût. La Fraap ne peut que saluer l’initiative de certaines régions qui ont pris en compte cette réalité en créant des incitations budgétaires pour la mise en place de réseaux. Pourtant le plus souvent, environ la moitié des budgets dédiés à l’art contemporain en région est consacrée aux acteurs institutionnels (Frac, écoles et centres d’art), jusqu’à 80 % dans certains cas. Ce déséquilibre entre institutions et associations risque de se trouver encore aggravé par la création d’équipements spécialisés nécessairement coûteux destinés à montrer au public les collections constituées par les Frac.
Eu égard à l’énorme travail de terrain que les associations d’artistes accomplissent, la Fraap revendique pour elles la place, les budgets et les responsabilités qui leur reviennent dans les réseaux à constituer.

Une reconnaissance des associations comme lieux de ressources.
Nous l’avons vu, le concept de « mise en réseau », unanimement souhaité, gagne à être explicité. il en va de même pour la notion de « lieux de ressources ». Interrogées sur ce point, nombre de régions ont cité les Frac. Mais si les Frac sont des lieux de ressources documentaires sur les créations de l’art contemporain, c’est bien au sein de la Fraap et de certaines de ses associations membres que les ressources d’ordre administratif, fiscal, juridique... sont disponibles. Et si les premiers s’adressent principalement aux publics, les secondes renseignent les acteurs, artistes et diffuseurs de l’art contemporain. de plus, la plupart des associations d’artistes sont des « lieux ressources » pour les artistes au sens où elles leur permettent d’expérimenter, de se confronter à des publics divers et à d’autres artistes.

Cette reconnaissance des associations comme lieux de ressources essentiels pour les artistes, va de pair avec la question de la formation professionnelle. La Fraap est favorable à la mise en place et au développement d’offres de formation professionnelle et souhaite solliciter les régions sur cette compétence. Les artistes plasticiens font partie des rares professions n’ayant toujours pas accès à la formation professionnelle bien qu’il s’agisse théoriquement d’un droit pour tout citoyen... Dans l’attente d’un dispositif national fort, la Fraap incite les Conseils régionaux à accompagner les associations qui tentent de pallier ce manque avec beaucoup d’énergie mais trop peu de moyens. Aussi, la Fraap encourage-t-elle d’une part les associations à se rapprocher des Conseils régionaux dans une volonté de réel partenariat et d’autre part les élus régionaux à bénéficier de la connaissance du terrain que peuvent leur apporter les associations pour définir et mettre en œuvre leur politique culturelle. Alors, chacun dans son rôle et à sa juste place, tous les acteurs, élus, institutionnels, associatifs pourront constituer de vrais réseaux d’actions, vers une réelle démocratisation culturelle.

Sommaire de l’enquête :

  • Avant-propos
  • Introduction & méthodologie
  • I. Contexte de l’intervention
    1. Attribution des régions
    2. Progressive montée en puissance des régions dans le secteur culturel
    3. Les arts plastiques en région
  • II. Axes de l’intervention
    1. Priorités et objectifs transversaux
    2. Inflexions récentes
    3. Besoin des artistes et rôle des associations d’artistes : une prise en compte inégale
  • III. Modalités d’intervention
    1. Organisation de l’intervention
    2. Critères d’intervention et fonctionnement des instances d’attribution des aides
    3. Transversalité de l’intervention
  • Conclusion
  • Annexes
  • Synthèse

Etude réalisée par Marie Deniau
Directeur de publication : Fédération des réseaux et associations d’artistes plasticiens

Format A5 – 97 pages

Ce cahier est accessible en document joint à cet article (format pdf) ou à lire ici

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Cahier 4 de la FRAAP