Communiqué Fraap : Qui veut la peau des écoles d’art en région ?

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Quelles répercussions la fermeture d’écoles peut-elle avoir sur l’écosystème fragile des artistes auteurrices et des associations ?
Mais plus encore que nous dit cet acte politique d’abandon de ces territoires ?

La Fraap s’alarme d’un recul à venir de l’irrigation démocratique de l’enseignement professionnel des arts visuels dans toutes les régions. Composée d’associations et de collectifs créés notamment par d’anciennes étudiantes d’écoles d’art, la Fraap est particulièrement attentive à l’ancrage territorial de la formation et de la diffusion artistique.

Les écoles d’art, de design et d’architecture et notamment les écoles territoriales rencontrent de nombreuses difficultés de financement.
Mobilisées, elles se sont tournées vers le ministère de la Culture mais n’ont reçu qu’une réponse très éloignée de leur demande de prise en compte de leurs réalités.
Il est nécessaire et indispensable de maintenir une répartition de l’enseignement artistique professionnel sur tout le territoire, participant à faire vivre et dynamiser tout le secteur des arts visuels et des nouveaux médias.

Les étudiantes nourrissent une dynamique sociale, politique et culturelle au niveau local et régional. Iels innervent le territoire à partir de l’école d’art d’où iels sont sortis et créent une dynamique qui concerne autant leurs outils de recherche et de travail (ateliers, formations, collaborations), que le lien avec les autres acteurs du secteur et la population. Les écoles sont un des éléments indispensables de cet écosystème dans les territoires.
De plus, une grande partie des étudiant.es sortant des écoles d’art créent des associations et collectifs et/ou occupent des postes dans une très grande diversité de métiers liés à la culture et la production d’images s’impliquant dans l’éducation artistique et culturelle, travaillant dans la médiation, les festivals, les musées et centres d’art notamment.
Et depuis les années 2010, on note qu’une très grande partie d’entre iels en restant implantés.es ou en s’implantant ailleurs qu’à Paris participent pas à pas un ancrage régional.

Toute cette dynamique régionale permet de soutenir les politiques d’accès à la diversité de la culture et à une proximité de formes culturelles et permet de mettre en acte les droits culturels inscrits dans la loi NOTRe.
Ceci prend d’autant plus de sens dans des territoires déjà en grande fragilité économique, sociale et culturelle. L’exemple de Valenciennes, où l’école va fermer dans les années à venir du fait du désengagement de la Métropole, est frappant dans ce sens.

Les très grandes difficultés qui mettent en péril les écoles d’art dans les territoires témoignent-elles d’un recul de la décentralisation et de la démocratie culturelle ?

Cette grande fragilité des écoles d’art et leur disparition programmée ne sont-elles pas représentatives d’une future recentralisation vers les plus grands pôles urbains d’attraction économique et culturelle ?

Ou, bien pire, l’abandon des politiques publiques, renvoyant vers des initiatives privées, ne vient-elle pas alimenter l’idée que la culture artistique est « non essentielle » (comme on l’a entendu lors des confinements) ?