Présidentielles 2012 : réponse de François Hollande

Réponse du 16 avril 2012 de François Hollande à la lettre aux candidats à l’élection présidentielle 2012 envoyée par la Fraap.

Publié en ligne le et mis à jour le .

Monsieur le Président,

J’ai pris connaissance avec attention du courrier que vous venez de m’adresser.

Je partage votre analyse sur la situation actuelle des arts plastiques et les difficultés que rencontrent les artistes et leurs associations.

Depuis plusieurs mois, j’ai eu l’occasion de m’exprimer sur les différents sujets qui vous préoccupent, soit dans la presse écrite, soit lors de mes interventions au Bis de Nantes ou au Cirque d’hiver à l’occasion de la soirée « Génération-Création ».

L’intitulé de cette manifestation dit l’importance que j’attache aux artistes, aux auteurs et à la création dont ils sont les acteurs. Une société sans auteurs, sans compositeurs, sans plasticiens serait une société morte, sans liens, sans imaginaire, sans projets.

Or, depuis plusieurs années l’Etat se désengage dans ses structures comme dans ses crédits et les collectivités territoriales, auxquelles on impose des charges nouvelles sans compensations financières suffisantes, ne peuvent répondre à tous les besoins.

Il faut que les artistes puissent continuer à inventer et à diffuser leurs créations et l’Etat doit les y aider. Sa première responsabilité est de faire respecter leur liberté de création et d’expression. J’ai été choqué par les récentes plaintes déposées contre des organisateurs d’expositions et des artistes ainsi que par les agressions physiques visant à empêcher la diffusion de films ou de spectacles. Je demanderai donc au prochain gouvernement de présenter un texte visant à modifier l’article 227-24 du code civil. Cette mesure pourrait prendre place dans le cadre de la loi d’orientation du spectacle vivant sur laquelle je me suis engagé.

Mais il ne peut y avoir de création indépendante sans une juste rémunération du travail artistique.

Je sais que la situation des artistes plasticiens est particulièrement difficile. Ils se retrouvent le plus souvent seuls et sans appuis et ne parviennent pas toujours à faire respecter le droit de présentation publique. Ce droit doit être appliqué et par conséquent la présentation publique rémunérée, sauf accord explicite entre artistes et organisateurs des manifestations.

Il en va de même pour la diffusion des œuvres sur internet. Les arts plastiques seront donc intégrés aux négociations sur l’acte II de l’exception culturelle, au même titre que le cinéma, la musique ou la littérature.

Le travail de vos associations est indispensable, il faut donc le soutenir en développant les occasions d’intervention. Comme vous le savez sans doute, je me suis engagé sur la création d’un grand plan national d’Education artistique et culturelle. Il portera notamment sur l’amélioration des conditions d’intervention des artistes dans le cadre scolaire. Il obligera la mise en place de conventions entre puissance publique et opérateurs culturels assurant la cohérence entre les objectifs fixés et les moyens disponibles, la transparence des conditions d’évaluation et la stabilité des financements sur la durée du projet.

Ces mesures permettront une réelle relance de l’activité artistique et faciliteront la stabilité de l’emploi associatif.

Vos propositions pour la mise en place d’une véritable politique d’ateliers concernent principalement les collectivités locales. Je demanderai, cependant, que la nouvelle étape de décentralisation et la nouvelle politique du logement et de l’aménagement urbain intègrent bien cette dimension.

J’espère avoir répondu à vos interrogations, sachant qu’il appartiendra au futur gouvernement et plus particulièrement au ministre en charge de la culture de donner un contenu opérationnel à ces orientations.

Je vous souhaite une grande réussite pour les rencontres annuelles que vous organisez à Flers les 31 mai, 1er et 2 juin prochain.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de toute ma considération.

François HOLLANDE.